Ami(s)

Par Arthur Dumont et Antoine Auer

Là-haut sur la montagne…

« Ils sont deux, dans un téléphérique suspendu à un fil. L’un est une star. En pleine crise existentielle, il cherche le silence et un sens à sa vie. L’autre est un admirateur, ordinaire, invisible. Le hasard les réunit là, au-dessus du vide, au milieu des va-et-vient de skieurs huppés. Le hasard ? Pas sûr. Car le fan de la première heure est venu demander des comptes à celui qui l’a toujours ignoré… »

Ainsi commence le synopsis de Ami(s).

Nous avons choisi ce théâtre, Ami(s), car ce synopsis nous semblait intéressant et nous connaissions déjà les comédiens, Thierry Romanens, qui est à la radio, aux Dicodeurs, et Nicolas Rossier (un ancien du collège) qui a joué dans toute la francophonie et qui est une figure du théâtre suisse.

Nous pensons donc que ce théâtre aura de l’humour, de l’extravagance et qu’il saura nous étonner. En outre, ce « s » entre parenthèses, est intrigant : qu’est-ce que cela signifie ? Comment va-t-il être intégré à la pièce ?

Nous pensons que le « s » représente l’ambiguïté entre la vie d’une star et la vie quotidienne, où la vie d’une star est idéalisée. Et même un sentiment de proximité avec une star peut être ressenti. L’amitié peut donc être unilatérale ou bilatérale.

L’autrice de cette création est Yasmine Char qui a déjà reçu nombre de prix. Elle est née à Beyrouth et a vécu dans le monde avant d’arriver en Suisse en 1993. La metteuse en scène, Sandra Gaudin, est née à Lausanne et jouit d’une réputation qui s’étend au-delà de nos frontières. Le journal Le Temps écrit que ses spectacles sont des « jeux de société, avec leurs règles secrètes, leurs coups de dés providentiels, leurs trappes impromptues, leurs gambades surprises», ce qui titille notre curiosité. Nous attendons donc de confirmer cela.

Représentations : 6 et 7 novembre 2025, 20h00, durée : 1h20

Une télécabine qui monte… sans nous embarquer

Une télécabine est placée en milieu de scène. Elle y restera durant l’entier de la représentation. Bien qu’elle ne se déplace pas, des mesures sont prises pour donner le sentiment de mouvement au spectateur. La cabine peut effectuer des rotations autour de son centre, et un écran dans le fond de la scène a été disposé pour mimer son déplacement le long de sa remontée.

La lumière froide, très simple, éclaire entièrement la scène. Cette neutralité de la lumière reflète la froideur des personnages au début de la pièce ; en effet, ils ne se parlent pas pendant la première partie du spectacle. Ce n’est qu’à partir du moment où la cabine se stoppe que le jeu de lumière change, reflétant les actions des personnages. La lumière, tantôt froide quand les personnages se confessent, tantôt chaude quand les personnages sont heureux, projette alors des formes de couleurs sur le sol. Ce jeu des formes contraste avec le reste du temps, car c’est la première fois que la lumière change drastiquement. Ceci provoque chez le spectateur un agréable effet de surprise.

La pièce commence par un jeu sonore : la star est en train de téléphoner avec une voix qui grésille, puis la batterie se vide et la voix de l’acteur résonne. Ce petit effet, qui pourrait paraître anodin, installe une proximité entre le spectateur et le personnage en laissant la voix naturelle sans amplification. Ensuite, au moment de la panne, un interphone intervient et accentue l’étrangeté de la télécabine. Cet interphone devient alors le centre de l’attention, ce qui est souligné par une projection de la cabine sur le fond. Quand le guide chante, nous avons été surpris par cette arrivée inattendue du chant dans l’atmosphère posée jusqu’ici. Nous avons trouvé en outre que les différents effets sonores étaient trop amplifiés et que cela cassait la magie du spectacle.

Les protagonistes principaux sont vêtus pour l’un d’un accoutrement assez basique qui reflète une certaine aisance financière. L’autre porte des habits de montagne et un sac à dos qui contient des accessoires assez attendus. Cette différence de costumes nous a permis d’identifier rapidement les différences sociales entres les deux personnages. Les autres personnages sont apparus eux aussi presque caricaturés : avec un manteau de fourrure blanc pour l’une, et un accoutrement de snowboard pour l’autre. Selon nous, les différents accessoires étaient plutôt banals.

Malgré le discours et le message sur l’amitié qui a réveillé en nous un questionnement (qui sont nos véritables amis, qu’est-ce que la réussite dans la vie ?), nous demeurons mitigés quant à cette représentation : nous avons trouvé le début long et avons même décroché à plusieurs reprises.

Nous n’avons franchement pas compris la signification du « s » entre parenthèses. Nous n’avons que des hypothèses du type : nous n’avons qu’un véritable ami, ou « l’amitié ne va que dans un sens »…

L’extravagance attendue n’était pas au rendez-vous, ce qui nous a un peu déçus. La mise en scène était simple, et la pièce, de manière générale, paraissait presque trop simple. Nous avons parfois ri, mais l’humour était, au final, que très peu présent. Nous n’avons pas réussi à déceler les éventuelles subtilités de la pièce, ce que nous avons regretté.