Par Antoine Auer et Arthur Dumont

Propos d’avant-spectacle : [20 septembre 2025]
5 femmes et une réalité
La pièce Cure (Filles) sera jouée au théâtre de Vidy du 3 au 8 octobre 2025 et dure environ une heure. Le collectif croate « Kolektiv igralke », composé de 4 femmes toutes diplômées du programme « Acting and Media » de l’Académie des arts appliqués de Rijeka, invite, à chacune de ses productions, une metteuse en scène afin de redécouvrir la création et les formes théâtrales. Cette fois c’est Tjaša Črnigoj qui est invitée. Tjaša Črnigoj a étudié la philosophie et la littérature à l’université de Ljubljana et elle a reçu le prix Župančič, le prix le plus prestigieux de la capitale slovène. Le « Kolektiv igralke » est très engagé sur les plans social et féministe, avec des productions entre théâtre et sciences sociales.
Il présente ici un théâtre sur 3 générations de femmes qui racontent leurs conditions dans le contexte de la Croatie et de la Yougoslavie. Elles abordent toutes sortes de sujets comme la sexualité, le passage à l’âge adulte, etc.
Nous serons dans la salle le 7 octobre prochain. Nous nous attendons à un théâtre où les actrices vont beaucoup parler et raconter, dans un spectacle bien sûr très engagé sur la condition féminine actuelle et passée. La mise en scène saura certainement nous surprendre, bien que nous puissions penser à une mise en scène assez épurée au vu des clichés disponibles sur la pièce.
Nous avons choisi ce spectacle car nous voulions découvrir une nouvelle culture et, puisque la culture slave nous est étrangère, quoi de mieux que d’aller voir une pièce qui parle de cette culture. En tant qu’hommes blancs suisses, la question féminine dans d’autres cultures nous interpelle. Ceci nous a encouragés à aller voir cette pièce.
Propos d’après-spectacle : [10 octobre 2025]
Ne fuis pas, bats toi
Le théâtre se finissant, nos réactions ont été directes : ce fut un spectacle intéressant avec un message fort et dans lequel nous avons beaucoup appris.
Les comédiennes ont évolué tout au long de la représentation vêtues de robes traditionnelles de leur région d’origine : la Croatie. Le décor, quant à lui, était constitué d’un plateau blanc sur lequel ont été disposés, tout au long de la pièce, plusieurs panneaux portant des dates, accompagnés par plusieurs objets représentant l’histoire associée. Le tout a également, à de multiples reprises, été accompagné de faux sang, élément principal de la pièce.
Dans cette pièce, la dimension sonore est majeure, avec des musiques qui reviennent, comme des musiques traditionnelles croates ou, au contraire, des musiques modernes qui soulignent le contraste entre le propos moderne et les décors et costumes plus traditionnels. Les comédiennes nous parlent avec leurs voix naturelles, ce qui rend toute la pièce plus intime. Nous avons particulièrement aimé le fait que les actrices brisent aussi le 4ème mur et commencent la pièce en rendant le public attentif au « son » de la ville. À tout cela s’ajoutent les interviews des différentes femmes dont on apprend les histoires par la diffusion dans toute la salle.
Les lumières, quant à elles, ont évolué durant la représentation : quand des histoires étaient racontées, les lumières, orientées sur le côté, étaient simples et donnaient une ambiance chaude. Au contraire, quand des informations générales étaient expliquées, la lumière était souvent plus forte et plus froide.
Sur le mur opposé au public ont été diffusées, tout au long de la pièce, des images et vidéos représentant les personnes mentionnées dans le texte.
Bien que nous ayons beaucoup apprécié cette représentation, nous ne la recommanderions pas à une personne dérangée par des discussions d’ordre sexuel ou atteinte d’une forme d’hématophobie. En effet, les deux éléments, très présents tout au long de la pièce, pourraient poser un problème à certaines personnes.
Les différents aspects de la pièce se mariaient bien ensemble et la diffusion des interviews et photos permettaient de donner une impression de proximité avec le récit. Les différents jeux de lumières soulignaient le propos et permettaient au spectateur de mieux ressentir l’histoire. La proximité a aussi été favorisée quand les comédiennes ont commencé à jouer autour de nous et à sortir du plateau pour se rapprocher.
Pour finir, si vous avez un quelconque intérêt pour la découverte de la condition féminine dans une culture différente de la culture locale ou si vous voulez simplement passer une heure pour découvrir un style de représentation auquel nous sommes très peu habitués, nous ne pouvons que vous conseiller ce spectacle.
